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REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE
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Chaque semaine (ou presque), Mathieu
de Taillac, journaliste pour le célèbre journal espagnol
El País, livre en exclusivité sur EnEspagne.com
sa chronique de l'actualité espagnole. |
• 18.07.2006
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Triple revue de presse cette semaine, avec trois évènements
que la presse espagnole a largement commentés
: la venue du Pape à Valence, les derniers rebondissements
du processus de paix au pays basque, et la grève
des pilotes de la compagnie Ibéria.
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Mathieu de Taillac - Madrid
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"La mitre, le
béret et la casquette"
La visite à Valence de Joseph Alois Ratzinger –plus connu sous
le nom de Benoît XVI–, venu célébrer
samedi et dimanche la Cinquième rencontre mondiale des familles, a donné lieu
a d’abondants commentaires en Espagne, pays qui a étonné l’Europe
en ouvrant le mariage aux homosexuels il y a un peu plus d’un an. Ce
qui retient le plus l’œil français empreint de laïcisme
républicain, c’est de constater que la presse se surprend que
non, le Pape n’a pas critiqué le Gouvernement.
Rappelons que l’État espagnol est officiellement aconfessionnel,
mais que sa Constitution de 1978 spécifie que les pouvoirs publics doivent
prendre en compte « les croyances de la société » et établir
une « collaboration avec l’Église catholique ».
Selon la ligne éditoriale des publications –du progressiste El
País au conservateur et catholique ABC, en passant par le plus mesuré quotidien
catalan La Vanguardia-, les quotidiens applaudissent « le ton conciliant
et diplomatique » du Pape (El País), « l’attitude
exemplaire de Benoît XVI » (La Vanguardia) ou au contraire déplorent
l’absence du Président Zapatero a la messe ainsi que « L’offensive
laïciste » du gouvernement (ABC)… Mais tous soulignent la
cordialité du Pape, qui, contrairement aux évêques espagnols,
a décidé de s’adresser aux familles mais de se garder d’entrer
directement dans la mêlée partisanne.
Côté politique, les derniers épisodes du dialogue
avec l’ETA basque ont encore accentué l’affrontement
entre deux blocs : d’un côté le gouvernement et tous
les partis moins un, de l’autre le Partido Popular (PP), de droite,
seul contre tous. L’objet du conflit était la publication
par le journal Gara, canal habituel de diffusion des arguments de l’ETA,
d’informations sur de présumées conditions politiques
passées entre le Gouvernement et l’ETA. Le Gouvernement
et la vitrine politique de l’ETA, Batasuna, ont démenti,
mais le PP refuse de les croire et affirme que « Zapatero ment ».
L’ensemble des groupes parlementaires, à l’exception
du PP, renouvelle sa confiance au gouvernement dans le processus de
dialogue et recommande « silence et discrétion ».
Le dernier couvre-chef en vue cette semaine, c’est la casquette
des pilotes d’Iberia, dont la grève de quatre jours et
les centaines de vols annulés ont suscité les critiques
quasi unanimes. Il existe en Espagne une culture de négociation
syndicale et les restrictions au droit de grève sous forme de
services minimums sont admises par l’ensemble de la société.
El País, de centre gauche, a de durs mots contre les pilotes
: « La convocation de la grève n’avait aucun sens.
Les seuls résultats ont été de semer le chaos dans
les aéroports et de nuire aux passagers. De nombreux travailleurs
en ont assez d’un syndicat qui fait preuve d’un comportement
souvent capricieux et toujours nuisible pour tous ».
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