REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE
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Chaque semaine (ou presque), Mathieu
de Taillac, journaliste pour le célèbre journal espagnol
El País, livre en exclusivité sur EnEspagne.com
sa chronique de l'actualité espagnole. |
• 05.09.2006
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L'Espagne est une des grandes nations du basket-ball
européen. Le dimanche 3 septembre dernier, l'équipe
nationale de basket a remporté la finale des
championnats du monde qui se déroulaient cette
année au Japon. Elle
a battu la redoutable équipe de Grèce
qui avait éliminé
les Etats-Unis en demi-finale. Les basketteurs espagnols
ont sans nul doute conforté la place de leur
discipline comme deuxième sport national derrière...
l'indétrônable
football.
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Mathieu de Taillac - Madrid
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"Des pieds et
des mains "
L’Espagne est devenue ce dimanche 3 septembre 2006 championne
du monde… de basket. La célébration, dimanche
et lundi, de ce premier titre mondial a pris des proportions
surprenantes au pays où le fútbol des stars du Barça
et des galácticos du Real Madrid est sans conteste LE sport
national. En fait, les Espagnols semblent avoir replacé leurs
espoirs footballistiques déçus dans le basket, plus
prometteur cette année. Les supporteurs ont même recyclé les
chants de la coupe du monde en Allemagne pour supporter les
basketteurs au Japon. Ainsi ¡A por ellos! (« On va les
avoir ! »),
cri de ralliement populaire né pour la coupe du monde de football,
a rempilé pour les championnats de basket.
À
Madrid, les aficionados avaient rempli le Palais des Sports
pour voir ensemble la finale contre la Grèce. Marée de
rouge, de jaune, de drapeaux flanqués du taureau ibérique
et… de barbes en carton ! La barbe, c’est celle de Pau Gasol,
le pivot du cinq espagnol et chouchou de tout un pays. Star de la NBA
aux Etats-Unis, Gasol c’est le Zidane du ballon orange en Espagne.
Gasol, blessé lors des demi-finales âprement gagnées
contre l’Argentine (75-74), n’a pas pu jouer la finale.
Tout au long du match, la télévision espagnole l’a
montrée sur son banc, flanqué de ses deux béquilles.
Et à chaque apparition, les 15.000 supporters du Palais des Sports
exultaient.
Lundi matin, un mot revenait en une de toute la presse : l’or.
Le quotidien le plus lu en Espagne, Marca, en est devenu napoléonien
: « Fils, moi j’ai vécu l’or du Japon » proclame
la première page du journal sportif. Les généralistes
ne sont pas en reste, comme El País qui consacre un éditorial
pour rassurer ces lecteurs : « Non, ce n’est pas un rêve ».
Et après un long texte de félicitation au basket espagnol,
El País repasse les récents succès nationaux en
handball, en tennis, en cyclisme, en formule 1, en moto et en athlétisme,
et constate désespérément : « Le seul sport
qui manque, c’est, comme toujours, le football ».
Mais qu’à cela ne tienne, les Espagnols ont une occasion
de célébrer leurs champions et entendent bien en profiter.
Dans la nuit de lundi à mardi, 100.000 personnes sont venu célébrer
l’arrivée à Madrid de leurs campeones, sur la Plaza
de Castilla. Deux stars ont cristallisé l’émotion
: le blessé et l’orphelin. Avant que ne parle Pau le barbu,
c’est l’entraîneur qui a pris le micro. Pepu Hernández
souriait davantage que dimanche. Les spectateurs étaient étonnés
du visage fermé du coach espagnol au moment de soulever la coupe.
Pepu avait appris la veille de la finale la mort de son père.
Il n’avait rien dit à ses joueurs, parce que « rien
ne devait arrêter l’équipe ». Lundi soir il
a dit qu’il y avait un mot qui importait « BA-LON-CES-TO »,
le basket, au pays du football roi. Les dizaines de milliers de supporteurs
l’ont acclamé.
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